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La femme dans le court métrage

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La femme dans le court métrage Empty La femme dans le court métrage

Message par Liqueur Sam 7 Fév - 13:46

Entre violence, enfermement et déchirement



Que de tourments pour les femmes. Du moins, c’est ce qui ressort et reste ancré après le visionnage des cinq courts métrages proposés jeudi dernier à la salle Ettaqafa (ex-ABC) par l’association À nous les écrans.

L’association À nous les écrans a organisé, jeudi dernier, une soirée court métrage autour de la femme dans ce genre cinématographique très à la mode ces derniers temps. Le public, très nombreux, a eu droit à cinq projections, notamment Éternel féminin de Rachid Benallel, Pelote de laine de Fatma-Zohra Zamoum, Pomponelle de Yamina Benguigui, Vois-moi de Omar Mouldouira et l’excellent Goulili de Sabrina Draoui. Suite à ces projections, deux des cinq cinéastes, à savoir Rachid Benallel et Sabrina Draoui, ont eu un échange très animé avec le public où il a été question de leurs films, des symboles qui y sont présentés et de la place dans ce genre, le court métrage, dans le paysage cinématographique algérien. Goulili de Sabrina Draoui, qui a reçu lors du dernier festival de Taghit une mention spéciale du jury, est un petit chef-d’œuvre à lui tout seul, tant sur le plan cinématographique que sur le plan thématique, surtout lorsqu’on sait que c’est le premier court métrage de cette jeune réalisatrice autodidacte. C’est l’histoire d’une jeune femme déchirée entre la religion (l’Islam) et l’amour. Sabrina Draoui a filmé avec réalisme, audace et grande sensibilité le réveil d’une femme.
En se préparant pour sortir et affronter le monde, Nada se pose plusieurs questions sur la vie qu’elle mène. Nada est tellement torturée qu’elle a sombré dans la schizophrénie ; elle voit une femme (qui fait partie d’elle) qui représente son opposé puisqu’elle ose tout dans la vie et vit ses pulsions et ses envies. Une belle audace de la part de Sabrina Draoui qui confronte la femme musulmane à elle-même. Éternel féminin de Rachid Benallel est un court métrage réalisé en 2009 avec les moyens du bord.
Le tournage a duré une journée et le résultat s’est fait remarquer. Le propos du film est éculé puisqu’il traite du port du voile en Algérie et plus précisément en 2009. Une femme qui, lassée de la vie et de ses plaisirs, décide de mettre non le hidjab mais le djilbab. Pas de textes, presque pas de dialogues, deux personnages, et pour défendre son film, le réalisateur est resté très approximatif.
Présent dans la salle, le réalisateur et producteur, Bachir Draïs, a trouvé “honteux qu’un réalisateur chevronné et appartenant à l’ancienne école fasse un film amateur et sans moyens”. Mais le but n’est-il pas de faire du cinéma, juste du cinéma ? Question en suspens. Le court insipide, sans grand intérêt, Pomponelle de Yamina Benguigui, traite d’un sujet consommé : le racisme à l’égard des beurs.La seule impression qui ressort de ce navet cinématographique c’est “bof”. Pomponelle raconte l’histoire d’une jeune comédienne, d’origine maghrébine, qui va dans un des beaux quartiers parisiens pour jouer le rôle d’une fée à une fête d’anniversaire d’une petite fille. Elle subit placidement et intérieurement les remarques racistes et la maltraitance de la maîtresse de maison.
Le court ne fait qu’accentuer le cliché du racisme, car lorsque les femmes subissent le racisme ou la violence de l’autre, elles ne réagissent pas et s’enferment dans le silence et les larmes. Pelote de laine de Fatma-Zohra Zamoum est un court émouvant et sensible, ponctué par une belle musique. Une femme rejoint son mari, en 1974 en France, avec ses deux enfants, après la loi sur le regroupement familial, mais le mari en question l’enferme à la maison lorsqu’il sort. Elle se lie d’amitié avec la voisine du bas par le biais d’une pelote de laine. Comment ? Cela fait partie des mystères de la femme. Elle réussit malgré tout à sortir, à se délivrer et à se libérer. Sans violence (à part une gifle), Pelote de laine est un film qui fait sourire par ses situations atypiques et la naïveté du personnage principal incarné par Fadila Belkebla, qu’on a notamment vue dans Vivre au Paradis avec Rochdy Zem. Vois-moi, du réalisateur marocain Omar Mouldouira, est le dernier court métrage qui a été présenté aux spectateurs du jeudi et qui raconte l’histoire d’un homme qui prend en stop une femme. Au fur et à mesure, il réalise que c’est le fantôme de sa femme qu’il a tuée. Elle le ramène à la maison et le laisse affronter ses démons. Hormis le sujet consommé de la violence, le film n’apporte rien de plus, ni au cinéma ni au spectateur. En revanche, on retiendra de ces cinq courts métrages que la femme est dans de beaux draps. Elle est violentée, souillée, traînée dans la boue, écrasée, opprimée mais heureusement qu’il y a eu deux femmes qui nous ont prouvé le contraire, à savoir Sabrina Draoui et Fatma-Zohra Zamoum. Manifestement, il n’y a qu’une femme qui peut parler justement et réellement des femmes !

Sara Kharfi
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